Pourquoi je n’aime pas les OGMs ?

Voici une nouvelle chronique verte ! Cette fois je réponds donc à la question : Pourquoi je n’aime pas les OGMs ?
Beaucoup moins de caca que dans la première, ne soyez pas déçus, je suis sûre que je trouverai une nouvelle occasion d’en parler !

Sinon, depuis la dernière fois : j’ai trouvé du boulot ! Dans le domaine qui m’intéresse en plus : la communication scientifique. C’est allé assez vite, je ne réalise pas encore tout à fait. Mais début juin, c’est parti pour 12 mois dans cette nouvelle aventure.

D’ici là, je dois finir mon master, m’occuper du jardin, passer au shampoing solide, donner un concert à Oudon avec Dunkerque et à Stereolux avec les Y.Birds !

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D’habitude, dans la vie, j’essaie de ne pas manger des OGMs.

Alors pour ça, il n’y a pas 36 solutions : j’essaie de manger bio (je vous la refais pas hein, je vous ai donné les autres raisons) et des produits où il y a marqué « Sans OGM ».

Comme je vous l’ai dit dans ma première chronique, j’ai étudié l’agriculture. C’est un sujet qui me tient à coeur et même si je me suis un peu éloignée du sujet, je suis toujours contente d’avoir ce savoir quelque part dans ma tête pour pouvoir en parler en connaissance de causes.

Tout comme mes raisons pour manger bio, je ne suis pas sûre que mes raisons pour ne pas manger d’OGMs soient les mêmes qu’une partie du grand public. C’est pourquoi je vais vous les expliquer ici.

Pour que vous compreniez pourquoi je n’aime pas les OGMs, je vais commencer par vous sur ce que c’est.

Un OGM, c’est un organisme génétiquement modifié.

Je vais faire comme on m’a appris à l’école : commencer par définir les termes du sujet, avec l’aide de mon fidèle Larousse de Poche 1988 (ayant appartenu à mon frère avant moi).
Organisme n. m. Ensembles des organes qui constituent un être vivant. Et les organes sont constitués de tissus, qui sont eux-mêmes constitués de cellules, dans lesquelles il y a un noyau. Un organisme c’est donc un être vivant.
Génétiquement / dérivé de génétique n. f. Science de l’hérédité fondée sur la théorie des gènes. Dans le noyau de chaque chaque cellule d’un organisme, il y a son ADN, qui est contient ses gènes. Et l’ADN c’est le code qui va donner toutes les informations pour la structure et le fonctionnement des cellules, donc des tissus, donc des organes, donc de l’organisme.
Modifié / dérivé de modifier v. t. Changer la forme, la qualité, etc. Ce qu’on a changé ici, c’est donc l’information génétique qui est contenue dans chaque cellule, ce qui va changer tout l’organisme.

Pour faire simple, on a plusieurs façons de changer l’ADN :

  • on peut y rajouter un gène qu’on aime bien, en le prenant chez un autre organisme, pour ça on va utiliser des vecteurs, des sortes de livreurs de gènes, qui vont aller rajouter ce gène dans la cellule qui ensuite, en se reproduisant donnera un organisme ;
  • on peut modifier, « éditer » les gènes , en les faisant muter, c’est-à-dire en changeant l’ordre des chainons du codes, en en rajoutant ou en enlevant quelques uns (des chainons).
    Cette deuxième solution c’est un peu le principe des « nouveaux OGMs » dont on entend parler.

C’est à chaque fois un peu aléatoire : on n’est pas sûr de l’endroit où le gène qu’on aime bien va se fourrer, on n’est pas sûr des effets de la mutation qu’on a provoquée. Alors après on voit, et on sélectionne les organismes qui font ce qui nous intéresse.

[Petite aparté sur les mutations : on mute tout le temps. Tous les êtres vivants, c’est ça qui fait que nos espèces évoluent. Après, selon divers critères, comme notre adaptation à notre environnement, on survit et on se reproduit, c’est comme ça que des mutations restent.
Ayant étudié la biologie en prépa (avant d’étudier l’agriculture) et l’ayant enseigné au lycée, modifier l’ADN ne me dérange pas en soi.
]

Petites précisions, ces organismes qu’on modifie, il s’agit de plantes surtout (c’est plus complexe sur les animaux, par rapport à notre mode de reproduction surtout). Et les « on » et les « nous » ce sont des scientifiques qui travaillent soient pour la recherche publique, soit pour des grosses entreprises agricoles.

Et c’est là que les choses commencent à clocher : voici venir ma première objection face aux OGMs.
Quand les scientifiques arrivent à modifier génétiquement un organisme et à obtenir un truc qu’ils trouvent cools : et bien ils déposent un brevet. Ils ont créé une nouvelle variété, avec un code génétique nouveau, alors dès que quelqu’un veut l’utiliser, ben il faut payer.

Donc, imaginons, une grosse entreprise produit des graines OGMs pour une plante qui résiste à un insecte qui sinon bouffe tout. Elle les vend à des agriculteurs qui sont contents, ils ne vont plus avoir besoin de mettre des tonnes d’insecticide (et donc de risquer leur vie – cf. chronique précédente).
Dans l’agriculture, normalement, ce qui est cool, c’est que tu peux garder une partie de ce que tu produis pour le ressemer l’année d’après. Et bien avec les OGMs, c’est pas possible : soit ils s’arrangent pour que la plante qu’on obtient soit stérile, soit ça ne vaut pas le coup parce que les graines qu’on récupère donneront des plantes toutes nulles.

Donc, avec un OGM, sur lequel il y a un brevet, les agriculteurs payent TOUS LES ANS.
Et ça, ça me gène profondément, parce que les agriculteurs ils ne font pas ce métier pour être dépendants d’une grosse entreprise (c’est aussi pour ça que je suis ambivalente concernant les contrats de production des grosses entreprises agro-alimentaires, mais ce n’est pas le sujet). Cultiver la terre, élever des animaux, transformer sa production (ou pas), vendre sa production et recommencer, c’est ça le métier, pas payer à chaque étape et n’être maître de rien ou de moins en moins (si on rajoute les emprunts tout ça…).

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Et puis il y a une autre chose qui me chiffonne avec les OGMs : le type d’OGMs que l’on fait.
J’ai l’impression que le discours a changé, mais qu’il y a des restes dans l’inconscient collectif : les grosses entreprises ne font pas des OGMs pour sauver le monde et nourrir la planète. Ils font des OGMs pour s’en mettre plein les fouilles. Et c’est bien normal ! Ce sont des grosses entreprises !
Mais parfois, on frôle carrément le conflit d’intérêt du type « Je te vends du poison et je te vends l’antidote ».
Quand une grosse entreprise (vous avez vu comme je m’efforce de ne pas en citer, c’est parce que je ne les connais pas toutes et j’aurai peur d’en oublier), vend à la fois l’OGM qui résiste à l’herbicide ET l’herbicide, pour qu’on puisse en mettre la dose sans abîmer ses cultures… je trouve ça louche !

Les OGMs qui permettrait de cultiver dans le désert ou autres beaux projets, on n’en entend jamais parlé. Ce n’est pas eux qu’on cultive, ce n’est pas eux sur lesquels on met le plus d’argent, ce n’est pas eux dont on essaie de limiter la culture en Europe.

Pour résumer : les OGMs ça fait payer les agriculteurs pour quelque chose qui pourrait être gratuit, et ça engraisse les grosses entreprises sans régler les problèmes de l’agriculture.
Mauvaise solution pour vrais problèmes quoi.

Alors, on peut toujours imaginer qu’on se mette à produire vraiment de OGMs qui permettent de cultiver sans eau, sans engrais même biologique. Mais si on continue à les vendre tous les ans aux agriculteurs, ça ne résoudra pas le problème.
Un agriculteur doit être un entrepreneur autonome, sinon ça ne marche pas.

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